De l’ambition pour la réforme des lycées

15 janvier 2009

Neuf propositions pour la réforme des lycées

Filed under: Conférence de presse du 15 janvier 2009 — admin1 @ 13:30

Cette première série de 9 propositions concerne les différents aspects des missions, de l’organisation, du fonctionnement et des contenus enseignés au lycée. Toutes ces propositions sont liées entre elles. Leur liste n’est pas exhaustive. Notre groupe s’engage à continuer de travailler à d’autres propositions dans le cadre des chantiers que nous avons listés précédemment. Une réforme est vouée à l’échec si elle se cantonne à quelques mesures homéopathiques qui ne produisent pas l’effet de levier escompté.

  1. L’organisation du lycée est modulaire : modules communs et modules d’exploration en seconde ; modules communs et modules de spécialisation progressive en cycle terminal.
  2. Les voies générale et technologique sont fusionnées.
  3. Les modalités de la certification terminale (baccalauréat tiennent compte de cette nouvelle organisation: les modules sont capitalisés après validation en cours de formation. En plus de cette capitalisation, le baccalauréat fait l’objet d’un nombre réduit d’épreuves terminales et d’une épreuve intégrée représentative du parcours de l’élève.
  4. Les modules sont définis par des connaissances et des compétences à acquérir. Le mode d’évaluation est précisé à l’avance. Les modules peuvent être pluri-disciplinaires ,  inter-disciplinaires ou disciplinaires,  ; un ou plusieurs modules sont élaborés  par les équipes.
  5. Un temps d’accompagnement doit être prévu de façon spécifique dans les emplois du temps, encadré par des professeurs référents, avec deux objectifs distincts à moduler tout au long de l’année scolaire : un travail d’élaboration du parcours personnel et le suivi des apprentissages réalisés, dans le cadre de petits groupes d’élèves.
  6. L’accompagnement des élèves, le travail en équipe et la participation au pilotage de l’établissement font partie des missions des enseignants et sont intégrés dans leurs services.
  7. L’accompagnement, le travail personnel, la vie associative, les relations entre pairs, entre jeunes et adultes, l’apprentissage  démocratique  sont des dimensions importantes pour la formation et l’insertion du futur citoyen. Leur donner du temps implique de limiter l’horaire de cours des élèves.
  8. Les instances collectives  doivent être redéfinies pour permettre la participation de tous, élèves et adultes.
  9. L’autonomie des établissements va de pair avec leur mise en réseau  sur un  territoire donné dans une logique de complémentarité pour éviter toute concurrence.

54 commentaires »

  1. Fantastique ! J’applaudis des deux mains. Continuez !

    Commentaire par Xavier. D — 15 janvier 2009 @ 14:21

  2. « Les voies générale et technologique sont fusionnées » ?!?!… C’est quoi l’objectif ? C’est quoi l’intérêt des élèves ? Ce n’est pas une fusion mais une absorbtion que vous proposez de fait ! De la voie générale par la voie technologique, soit pas le bas : personne n’acceptera une baisse des taux de réussite, donc le niveau de formation globale baissera en qualité. Soit de la voie technologique par la voie générale, soit par le haut : vous allez « noyer » les élèves actuellement en STG et les « repousser » vers le lycée pro (soit aucune chance d’accèder un jour à l’Université).
    Dans tous les cas vous avez ré-inventé l’eau tiède, bravo et bien travaillé pour notre cher Ministre qui n’a même plus besoin de travailler, vous êtes là.

    PS : j’enseigne en lycée sensible général et technologique depuis + de 10 ans…

    Commentaire par JBG — 15 janvier 2009 @ 14:40

  3. JBG,
    En quoi le fait de permettre à tous les lycéens de suivre des enseignements de technologie pourrait-il faire « baisser le niveau » (et de qui du reste ?) ?
    Pour ce qui est de l’eau tiède, il ne me semble pas que ce scénario d’une formation unique, brassant les enseignements généraux et technologique et mettant fin au cloisonnement entre les filières, soit souvent évoqué…
    D’une manière générale, vos remarques montrent combien il est difficile d’envisager ce que devrait être la formation de tous les lycées sans recourir à une hiérarchisation plus ou moins implicite.
    Enfin, est-ce être de droite, ou « darkophile », que de réfléchir à de nouveaux modes de fonctionnement, de rechercher des leviers pour améliorer la préparation des lycéens (de tous les lycéens)à l’enseignement supérieur, et surtout, de vouloir en finir avec la logique inhérente à notre système, où la voie techno, c’est bon pour les élèves faibles dans les matières générales… Et vive la gare d’aiguillage en fin de seconde qui sépare le bon grain de l’ivraie !

    Sinon, merci pour la leçon sur l’intérêt des élèves, et la « collaboration » avec le ministre. Trop classe !

    Commentaire par Julien — 15 janvier 2009 @ 15:25

  4. Je m’étonne de ne voir ici aucune évocation de la culture à l’école. La sauvegarde qui me semble essentielle de toutes les options artistiques n’est pas une fois évoquée.

    Enfin, la représentativité des lycéens mériterait bien d’être revue à ZÉRO. Car je ne comprends pas si vous aviez le plaisir de pouvoir donner ces propositions au ministre à quel titre pourriez-vous vous permettre, autant d’organisations que vous soyez de prétendre à la représentativité des lycéens, auxquels on n’a même pas demandé leur avis.

    Commentaire par Olmo — 15 janvier 2009 @ 18:11

  5. L’accompagnement, le travail personnel, la vie associative, les relations entre pairs, entre jeunes et adultes, l’apprentissage démocratique sont des dimensions importantes pour la formation et l’insertion du futur citoyen. Leur donner du temps implique de limiter l’horaire de cours des élèves.

    Est là le but du Lycée ?

    De même; la modularité est elle nécessairement liée à une évaluation « au fil de l’eau » ou le but est-il d’alléger l’effort de mémorisation pour présenter le bac ?

    La représentativité des Lycéens, en quoi cela consiste t-il ?

    Merci d’éclairer ma lanterne.

    Commentaire par AG — 15 janvier 2009 @ 19:19

  6. Je me permets de réagir à cet article et à ces propositions.
    Je me présente tout d’abord, pour signaler quel est mon parcours et de quelle position je me permets d’intervenir.
    Jeune normalien, je suis tout juste agrégé de lettres modernes. Je ne déroule pas ce cv pour une quelconque gloriole (à quoi bon ?), mais pour dire combien les questions d’enseignement et de réussite me sont proches.
    Or, je remarque que ces propositions, qui pour une bonne part sont tout à fait illisibles (c’est-à-dire, je maintiens, écrite dans une langue administrative, obscure et pour cela même dangereuse), n’abordent aucun des graves problèmes que vit actuellement le lycée et plus largement l’enseignement en France.
    AUCUNE de ces propositions ne s’intéressent à la réussite des élèves, qui passe par la réussite des professeurs à transmettre un savoir, c’est-à-dire à faire cours avec une écoute et une discipline minimale devant des élèves ayant atteint le niveau nécessaire à la compréhension et à la réception de ce savoir. Ce n’est plus le cas, et je parle en connaissance de cause.
    Je suis passé par une filière ultra-sélective, celle des prépas littéraires et de normale sup. C’est cela qui m’a permis d’être ce que je suis aujourd’hui (en toute modestie). Mais c’est surtout le savoir que j’ai reçu. OR, ce qui est proposé ici est simple : limiter les heures de VRAIS COURS pour les remplacer par de la « vie associative », de la « relation entre pairs » et autres initiation à la démocratie. Ce qui se construit ici CLAIREMENT c’est l’abaissement du niveau et la fin de l’égalité entre les élèves. CERTAINS, privilégiés, iront dans des bons lycées, où l’on donne cours, où le redoublement existe, où les profs peuvent faire cours, valoriser ceux qui suivent, ceux qui sont intéressés. Ceux-là apprendront, obtiendront plus tard des diplômes, etc. D’AUTRES iront dans des lycées où, ayant abdiqué l’idée même d’enseigner, on leur proposera d’aimables ateliers démocratiques, de relation entre pairs, et de vie associative. Ils n’en ressortiront ni formés, ni éduqués, mais occupés. L’absence à tout niveau de rapport au mérite (avec la suppression progressive du bac) mentira sur leurs vraies capacités et prolongera le mal.
    Je suis un produit de l’école qui sélectionnne, c’est-à-dire qui soutient, qui encourage l’intérêt, le savoir. Je suis un produit de l’école qui enseigne, les grands textes, la philosophie, les mathématiques, et non pas de celle qui occupe.
    Je suis un produit d’une école qui enseigne les limites, en terme de discipline. Quelques éléments qui cassent la possibilité de faire cours font sombrer toute une majorité avide d’apprendre.
    J’ai réussi, mais il ne faut surtout pas suivre mon exemple. Je suis le produit d’une école que tout le monde s’acharne à tuer, et, franchement ça me désole.
    CONTRE tous ces maux, je ne peux qu’être EXCESSIVEMENT inquiet que l’on nous propose en premier lieu : une « organisation modulaire ».
    Amitiés.

    Commentaire par Paul — 15 janvier 2009 @ 20:21

  7. Bonsoir,

    Le fait d’avoir réussi à fédérer tant d’associations, sur le niveau national est notable. Plus loin encore, le fait de sortir d’une logique de refus systématique « par le haut » est remarquable, et pour cela je vous félicite et vous encourage chaudement à continuer sur cette voie.

    Étant élu au CNVL je représente les lycéens de la région Poitou-Charentes, mais je suis très surpris que vous n’ayez contacté strictement aucun élu CNVL, ni même d’un CAVL (je parle bien sûr sous le contrôle des informations que vous donnez). En effet, ces instances lycéennes sont les bases de la démocratie au lycée, si chère aux lycéens, et rassemblent des élèves élus par leurs pairs à différents échelons. Le CNVL est constitué de 33 élèves représentants chacun une académie, ils sont donc les premiers concernés pour faire entendre la voix des lycéens.
    Ces élus disposent également de moyens de communication directs avec les élèves. C’est donc un formidable, et légitime, outil que vous avez (en apparence) omis d’utiliser …

    Je me place donc à votre entière disposition pour vous apporter le soutien, les idées, les retours des lycéens que je représente.

    En vue de notre collaboration prochaine, cordialement,

    Arthur Mareschal,
    Représentant au Conseil National de la Vie Lycéenne.

    Commentaire par Arthur Mareschal — 15 janvier 2009 @ 21:27

  8. @Olmo
    Un petit coup d’oeil sur le bandeau de droite du blog indique les organisations membres de ce collectif. On y trouve l’UNL (organisation lycéenne) et l’UNEF et la Cé (organisations étudiantes).
    Ceux ci ont participé aux travaux préparatoires pour aboutir à ces propositions et en sont donc partie prenante.
    le fait d’être en lutte aujourd’hui n’empêche pas de réfléchir collectivement avec l’ensemble des partenaires (lycéens mais aussi parents et enseignants ainsi que les associations) à ce que devrait être le lycée de demain.

    Commentaire par Philippe Watrelot — 15 janvier 2009 @ 21:54

  9. Enfin, deux syndicats de profs ont pris leur courage à deux mains pour prôner clairement la réforme au sein d’une alliance majoritaire dans la population concernée par les lycées (parents + élèves + enseignants = majorité sociale)… Bravo.

    Maintenant, il faut cesser de participer à des fronts du refus avec des syndicats enseignants bloqués dans leur défense d’un modèle ne fonctionnant plus, avec l’idée de maintenir d’illusoires avantages acquis, en particulier l’aberration des services et payes différentes pour certifiés-agrégés alors qu’il accomplissent exactement les mêmes tâches dans leur métier, sans parler de l’illusoire maintien des services non annualisés alors que la charge de travail augmente chaque année.

    Et il faut revendiquer avec force un réel fonctionnement des CA, CHS et CPédagogiques et des formations pour les administrateurs des EPLE, c’est la condition de la démocratie responsable.

    Commentaire par Gerbal Jean-Pierre — 16 janvier 2009 @ 07:59

  10. Je suis stupéfait de la teneur de ces propositions, qui me semblent démagogiques et dangereuses justement pour les élèves les plus en difficultés.
    Le tout modulaire produit des ravages à l’université où les « mauvais » choix plombent de nombreux étudiants. Au niveau lycée, le risque sera de recréer des parcours « d’initiés » et de rendre la seconde déjà dépendante du bac envisagée. Ajoutons la « compétition » entre les disciplines qui devraient se vendre pour attirer les élèves.
    La suppression de la voie technologique et sa dilution dans la voie générale raye en une ligne tout le travail de construction et de valorisation de cette série qui est une voie de réussite des élèves vers bac +2 (BTS, IUT). Quelle erreur!
    La tarte à la crème de l’évaluation en cours de formation raye aussi le baccalauréat. Et puis parlez en aux collègues d’EPS qui passent leur année à évaluer leur élèves pour le bac en terminale…
    Les professeurs référents que vous proposez remplaceront les conseillers d’orientation et le travail des PP pour la construction du parcours personnel de l’élève.
    Il est aussi question de modifier les statuts pour y intégrer diverses missions… Vous avez vraiment confiance en ce ministre pour oser lui demander une réforme des statuts…?
    Sur l’organisation des lycées, la complexité engendrée par les choix modulaires, l’interdisciplinaire et les temps d’accompagnement rendrait les emplois du temps en mouvement permanent et signifierait la fin du groupe classe. Est-cela qui est souhaitable, la perte des repères pour des adolescents qui en manquent déjà ?
    Enfin l’autonomie et la mise en réseau sont déjà envisagées par le ministère pour permettre des fermeture d’établissements et leur mise en concurrence par la valorisation des options ou langues proposés.
    Quant à la démagogie qui consiste à laisser croire aux lycéens qu’ils vont avoir plus de pouvoir… Est-ce bien raisonnable de penser à leur donner les clés de la maison ?
    Ces propositions vont tout à fait dans le sens de DARCOS et de ce que veut le ministère depuis de longues années. Voir le SGEN-CFDT associé à cette mauvaise réflexion ne m’étonne plus mais que la FCPE s’y associe est désolant. Ce sont des propositions de casse du système naïves ou inconscientes et qui ne remporteront pas l’adhésion de ceux qui connaissent de près le lycée et ses difficultés.
    JCL

    Commentaire par Jean-Christophe LEDUC — 16 janvier 2009 @ 09:46

  11. Superbe initiative de la démocratie participative. L’Education est le fer de lance du développement humain. C’est très important ce que vous faîtes. Je suis à votre disposition pour contribuer à votre réflexion et expérimentation

    Commentaire par France Lasnier — 16 janvier 2009 @ 10:43

  12. Beaucoup de pistes intéressantes, en particulier la question de la voie technologique dont les lauréats forment le gros des échecs en licence universitaire. Cette voie a été créée (assez) récemment et n’existe pas dans la plupart des pays d’Europe. Mais il faudra affiner l’analyse… et les solutions.

    Par contre en tant qu’ancien MA du privé sous contrat, je peux dire pourquoi il est hors de question d’introduire du contrôle continu dans l’évaluation du baccalauréat : j’ai moi-même à l’époque subi des pressions sur les notes qu’avaient mes élèves pour leurs dossiers de grandes écoles ; ces convocations chez le directeur se terminaient fréquemment par « je vous rappelle que c’est votre emploi qui est en jeu »…

    Ou bien le gouvernement reprend la réforme Savary (rions un peu…) ou bien, sachant qu’il y a de fait un enseignement privé sous contrat dont les enseignants peuvent subir « la pression du marché », résignons-nous à des épreuves anonymes et nationales.

    Seule l’EPS, après des années de mise au point d’un barême type « usine à gaz », vu le caractère particulier de la discipline, est arrivée à une épreuve en cours de formation qui semble assez juste.

    Commentaire par olivier b. — 16 janvier 2009 @ 17:07

  13. @ Jean-Christophe LEDUC

    Pas de bol, je pense bien connaitre « de près le lycée et ses difficultés » puisque j’y enseigne depuis quelques années. Et bien moi, ces propositions je les trouve intéressantes.

    Marre de l’orientation forcée et définitive dans des séries bien cloisonnées. En cas d’erreur, c’est marche ou crève, et trop souvent crève à mon gout. Votre position consiste à dire « surtout ne changeons rien, ça ne peut être que pire », cela voudrait dire que tout est parfait dans le lycée actuel. Hélas, cette espérance est démenties par les faits. Ne rien changer, c’est s’y résigner, moi je ne veux pas.

    G.

    Commentaire par Gaby — 16 janvier 2009 @ 23:01

  14. Bonjours
    Je trouve l’idée de s’attaquer à la réforme des lycées en travaillant à une véritable réforme très bonne. Le texte ci-dessus énonce clairement des propositions controversées, qui interrogent, qui font débats comme on peut le lire dans certains commentaires. Ce texte de part sa fonction se devait d’être synthétique. Mais pour que chacun ne reste pas cantonner sur ses positions et qu’elles puissent évoluées il serait intéressant d’avoir les arguments qui vous ont amenés à ces propositions. ceci afin de bien voir d’où çà vient et où çà va et en débattre peut-être dans nos établissements.
    Par exemple si je sens bien que la fusion du LET et du LEG pourrait mener à une revalorisation des filières technologiques ou à un rapprochement des élèves du général et du technique, le commentaire 2 de JBG montre qu’il y a des interprétations différents.
    D.Galy

    Commentaire par D.Galy — 17 janvier 2009 @ 07:25

  15. J’aime beaucoup ces propositions, j’ai un peu peur cependant d’un manque de temps pour bien les expliquer et les affiner ; et ce malgré le report d’un an. La réforme du bac me parait souhaitable, et l’argument des défenseurs de son maintien en l’état ne tient pas : la quasi-totalité des formations post-bac (fac, écoles d’ingénieur, IUT, BTS, …) utilisent l’évaluation en cours de formation, parfois même à 100%. Je n’ai jamais entendu réclamer la suppression de ce système. Le bac est un diplome important certes, mais il ne l’est pas autant qu’un DUT, qu’un BTS, qu’un master, … qui eux donnent une qualification qui sera reconnue sur le marché du travail. Pourquoi alors chercher à avoir une exigence si forte sur ce diplome ? d’autant plus que cette exigence est illusoire, les correcteurs du bac n’évaluent pas tous avec les mêmes critères malgré les harmonisations. Plus encore, ces harmonisations se font au plan académique, l’équité n’existe donc pas car une même copie n’est sans doute pas évaluée de la même façon à Créteil et à Bordeaux. Je ne dis pas qu’une réforme du bac améliorerait ces problèmes, mais elle ne les aggraverait pas et permettrait de porter ses efforts sur d’autre sujets plus importants. La remarque de JCL me parait surprenante : certes nous passerons l’année à évaluer nos élèves pour le bac, mais nous les évaluons déja ; la finalité de cette évaluation changera, mais pas le temps qui y serait consacré.

    Sur la question des contenus, c’est un vrai problème. Le découpage en module permettrait peut-être de traiter différemment des élèves différents. Peut-être que Paul s’est parfaitement retrouvé dans le système classique du lycée avec des enseignements très dogmatiques, mais personnellement je m’y suis vraiment ennuyé avec des résultats médiocres. la donne a changé à la fac ou trouvant de l’autonomie et des systèmes de projet avec de l’initiative demandée, mais résultats ont progressé de façon spectaculaire avec mon envie. Je garde de cette expérience le souci permanent de proposer à mes élèves des façons différentes d’aborder un même contenu, sans diminuer ce contenu. Donner à tous un enseignement « classique » n’est pas souhaitable, mais proposer à tous un enseignement laissant une grande part à l’initiative ne l’est pas plus.
    En conclusion, j’espère que les pistes proposées pourront être développées et discutées avec le ministère. Ce projet de changement du lycée est pour moi une necessité et j’espère qu’il gardera de l’ambition jusqu’à son terme.
    CB

    Commentaire par Christophe Brunet — 17 janvier 2009 @ 10:51

  16. Je réitère ma demande d’explication : en quoi ces propositions sont-elles différentes de la mouture du ministre ?

    Commentaire par Maas — 18 janvier 2009 @ 11:36

  17. Il faut relire l’appel initial : https://ambitionlycees.wordpress.com/category/texte-de-lappel/
    Si nos propositions ont une proximité, c’est avec ce que JP de Gaudemar aurait pu proposer et que Darcos a refusé.

    Commentaire par Guillaume Touzé — 18 janvier 2009 @ 13:04

  18. Pour être plus précis, Darcos a détricoté l’idée de modules en la vidant de son sens : avec 22 heures de tronc commun pour 9 heures d’exploration et de soutien, l’idée de parcours personnel et d’accompagnement est réduite à peu de chose. S’attaquer à l’échec scolaire, c’est rompre avec le système trente-cinq élèves assis passivement (au mieux) devant un prof qui, s’adressant à tous, leur semble ne s’adresser à personne. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas de séquences devant un groupe important (ça pourrait être un regroupement de classes pour une miniconférence sur un sujet nouveau) mais qu’il faut donner une place importante à un apprentissage à la fois autonome et en lien avec le référent. Cela passe inéluctablement par une redéfinition des services, toutes tâches prises en compte (et sans doute annualisé), et au passage par la suppression de l’aberrante différenciation certifié/agrégés.

    Commentaire par Jean-Pierre Gerbal — 18 janvier 2009 @ 13:47

  19. A tous, et à « Julien » en particulier,

    Je vous cite Julien « Pour ce qui est de l’eau tiède, il ne me semble pas que ce scénario d’une formation unique, brassant les enseignements généraux et technologique et mettant fin au cloisonnement entre les filières, soit souvent évoqué… » et je cite le point n°2 « Les voies générale et technologique sont fusionnées »…? Comprenez-vous mon inquiétude ?
    Pour ce qui est de la « hiérarchisation implicite » elle existe cette hiérarchisation (entre LP/LT/et LG) sans m’en réjouir, je le constate. Que ce passe t il depuis 2 ou 3 ans : fermeture des classes de 1 adapt (passage de BEP à 1 STG). Ces élèves de LP arrivent directement en LT avec des élèves qui viennent de 2de générales (souvent orientés là « faute de pouvoir aller en générale ») venant de lycées n’ayant pas de filière technologique (ou comment se « débarrasser des élèves que l’on ne souhaite pas garder pour ne pas plomber ses résultats au bac » (sic)). Cela fait de formidables classes de 1 stg qui concentrent frustrations, ennui, révoltes, lacunes… Qu’est ce qui nous est proposé : l’officialisation et le cloisonnement de cette hiérarchisation. Je m’explique. 0 la fin du collège (3eme) soit LP puis BTS (mais jamais la fac de fait pour éviter les échecs massifs qui sont malheureusement réels) soit le lycée (G et T « fusionnés) avec comme horizon la fac (mais pas les BTS…). Décider de l’orientation d’un élève à 14 ans est-ce plus pertinent qu’à 15 ou 16 (fin 2de)? Dénoncer la hiérarchisation comme un problème pour justifier le fait qu’elle soit demain définitive et plus précoce cela me laisse dubitatif… La « gare d’aiguillage » sera un an plus tôt et sans possibilité de « raccord » avec le reste du réseau… Connaissez-vous les collèges de Roubaix (59) ? et ceux de Lille-sud ?
    Ce qui me révolte c’est que les « élèves faibles dans les matières générales » arrivaient au moins (sic) à quitter le lycée avec un bac (technologique), ce qui sera impossible demain. Juste une dernière question : pourquoi commencer la nécessaire réforme du secondaire par le lycée (et la 2d) et non par le collège (où tant de choses sont faites et parfois à faire ?), pourquoi ne pas faire les 2 cycles en même-temps ? Pourquoi il n’y a pas de modules au collège ?
    Faute de vouloir donner une leçon sur « l’intérêt des élèves » je remarque que vous n’avez pas répondu à cette légitime question : c’est quoi l’intérêt des élèves (et donc des parents) en tant qu’usagers d’un service public ?

    JBG

    Commentaire par JBG — 18 janvier 2009 @ 15:49

  20. Bonjour à tous,

    Je suis assez content de voir que ni la trahison de Darcos (par rapport aux pistes De Gaudemar), ni la (pseudo)-victoire du front du refus (le report annoncé le 15 décembre 08) n’ont tari la volonté de changements et d’ambition. Bravo donc !

    Par contre je ferai 3 petites remarques :
    1- je rejoins un poil Paul sur la lisibilité : soyez/soyons plus clair et direct dans l’énoncé des propositions (je suggère d’ajouter des explicitations à chacune des 9 propositions : éclaircissements, pistes pratiques, chiffres…)
    2- les commentaires, mêmes durs et, peut-être parfois injustes, font partis du débat et surtout, ils sont révélateurs de profondes inquiétudes : de celles-ci tenons compte
    3- malgré ce que j’écris au paragraphe 2 il est des points sur lesquels il faut tenir, sans concéder. Voici lesquels pour moi, au nombre de 6 : modularité ; refonte du bac ; accompagnement ; redéfinition du service enseignant ; refonte des corps ; autonomisation des Eple.

    Je conclurai par une double question : peut-on réformer le lycée dans un contexte de crise financiaro-économique et de réductions budgétaires ? Peut-on faire confiance à la droite libérale pour mener à bien cette réforme ?

    Cordialement

    Commentaire par Jean-Pierre Meyniac — 18 janvier 2009 @ 16:32

  21. JPM : «peut-on réformer le lycée dans un contexte de crise financiaro-économique et de réductions budgétaires ? Peut-on faire confiance à la droite libérale pour mener à bien cette réforme ?»
    La question est intéressante (et la réponse probablement non) mais j’espère que la démarche entreprise par cette alliance réformiste ne souhaite pas s’arrêter là…
    Si nous obtenions par la négociation une réforme acceptable (les six points « incontournables »), ce serait une immense satisfaction pour tous, parents, élèves et enseignants. Mais en admettant que cela ne se fasse pas, le pas franchi, qui détermine une rupture avec le front idéologique et composite du non à la réforme, est porteur d’espoir de transformations pour demain, et c’est déjà une grande satisfaction 🙂

    JBG : «Juste une dernière question : pourquoi commencer la nécessaire réforme du secondaire par le lycée (et la 2d) et non par le collège»
    La réponse est facile : nous ne déterminons pas le calendrier des réformes… Cela dit, j’éprouve une grande méfiance vis-à-vis de tous ceux qui partant d’une proposition de réforme posent toujours la question de son élargissement. Nous pourrions bien évidemment aussi poser la question du logement et du territoire, terriblement ségrégatifs. Mais quand on souhaite vraiment réformer dans le cadre d’une négociation, on accepte que l’agenda ne soit pas celui que l’on rêve.

    Commentaire par Jean-Pierre Gerbal — 19 janvier 2009 @ 15:43

  22. Enseignant depuis dix ans en lycée technique, je les regarde mourir petit à petit. Que vont devenir ces lycées où il ne reste plus qu’une classe et demie de seconde ? Que vont devenir les enseignants qui y enseignent? quel choix d’orientation pour les élèves ? Il devint urgent de faire quelque chose !
    On nous avait promis une réforme des STI qui n’est jamais arrivée ! Et finalement nous devons bien faire le bilan, nombre de nos élèves sont orientés en STI par défaut car la hiérarchisation des filières (notamment la filière «reine» S ) fait que les moins bons éléments sont « condamnés » à venir dans nos classes. Ainsi beaucoup d’élèves qui auparavant considéraient comme une véritable chance (et je reste personnellement persuadé que s’en est une !) d’être dans la voie technique, considère aujourd’hui leur présence en STI comme un échec et ont l’impression d’être des élèves de seconde zone et d’avoir échoué.
    Concernant la fusion, je me permets de rappeler qu’elle existe déjà ! Les LGT en sont l’incarnation par définition. Le bilan c’est que dans la majorité des cas 50% des élèves de ces établissements sont dans la filière S et l’autre moitié en STI avec la même hiérarchisation et le même cloisonnement des séries. Exemple : un élève échouant en 1er S peut se retrouver en 1 STI par contre un bon élève de STI ne passe jamais en 1er ou Tale S …

    Si fusion il doit y avoir un jour cela ne suffit pas, les propositions doivent converger vers une réforme totale des séries ! Pour que l’on entende plus jamais en conseil de classe : cet élève est trop bon pour aller en STI…ou encore cet élève est trop faible pour aller en 1er S proposons lui une 1ère STI…

    Commentaire par THIRION — 19 janvier 2009 @ 16:14

  23. En réponse à Arthur Mareschal du CNVL,

    Bonjour Arthur,

    La plupart des associations réunies au plan national au sein de ce collectif ont des déclinaisons locales qui travaillent avec des établissements et, notamment, avec les CVL et les CAVL qui le souhaitent.
    Etant moi-même du Poitou-Charentes et travaillant pour la Ligue de l’enseignement, je suis amené régulièrement à collaborer avec des élus lycéens au CVL et au CAVL, ainsi qu’avec la Déléguée Académique à la Vie Lycéenne sur des moments de formation et de montage de projets.
    Plus généralement, que ce soit dans les académies ou sur le plan national, le Délégué National à la Vie Lycéenne et les DAVL sont régulièrement informés de ce que nous faisons. Certaines associations du collectif siègent même dans les CAVL. A la Ligue de l’enseignement par exemple, nous sollicitons une rencontre annuelle avec le Délégué National à la Vie Lycéenne pour lui exposer nos projets et étudier des coopérations éventuelles.
    Il être difficile pour nos associations de contacter directement les élus lycéens sans en référer aux rectorats ou au ministère. Nous considérons qu’il est du ressort des institutions et des personnes qui animent ces instances de relayer l’information jusqu’à vous.
    Cependant, ta proposition de te faire l’intermédiaire entre les élus lycéens du CNVL et nos associations m’intéresse. Cela permettrait d’avoir un interlocuteur lycéen en direct. A mon sens, il faudrait que le CNVL valide cette proposition pour qu’elle s’inscrive pleinement dans ses actions. Etant un voisin, je suis tout disposé à en parler avec toi au moment qui te conviendra.
    A ce sujet, la Ligue de l’enseignement de la Charente organise dans le cadre du FOFE (le salon des métiers et de la formation), avec le concours de la DAVL, une rencontre des CVL de la Charente à laquelle tu es cordialement invité, le 6 février prochain au Parc des Expositions du Grand Angoulême. C’est avec plaisir que je t’y retrouverai à l’occasion.
    Sylvain Colmar (sylvain.colmar@ac-poitiers.fr)
    Ligue de l’enseignement

    Commentaire par Sylvain Colmar — 20 janvier 2009 @ 10:57

  24. Evidemment, le premier pilier de la réforme était le bac pro 3 ans; le deuxième nous y voilà : la fusion des voies générale et technologique évidemment sous couvert de favoriser l’orientation tardive des élèves. Mais le gain en milliers postes il est là : ça ne vous serait jamais venu à l’idée que développer les classes passerelles c’était la solution ; mais non vous croyez naivement qu’après un bac pro light, on peut faire un BTS ; super light lui car sinon vos candidats ils explosent en vol!!! Et toutes vos fumeuses théories sur l’accompagnement : les élèves eux ne sont pas naifs, ce qu’ils veulent c’est des profs hyper compétents dans leur discipline, pas des soeurs de charité pour leur dire :  » ah mon petit on va t’aider dans ton parcours » On n’est pas des assistantes sociales.
    Vous n’enterrerez pas la voie technologique sans résistance, croyez nous, on saura vous le faire entendre et nous mettrons en avant la qualité des séries STL, SMS STI, Hôtellerie qui ont déjà fait leur preuves bien avant vos néfastes projets pédagogistes

    Commentaire par m charrier — 20 janvier 2009 @ 18:47

  25. en réponse à Jean. Effectivement dans notre bahut, ce matin la concertation de l’ensemble des collègues a coupé court. Face à la pénurie de moyens, les collègues dans leur majorité ont considéré la réforme du ministre comme un alibi aux suppressions de postes. Une façon de réorganiser structurellement le lycée pour y justifier la politique de casse de l’école publique. Dans ces conditions, il est apparu impossible de prêter le flanc à une réforme dont la question des moyens serait exclue, voire taboue.

    Commentaire par Gaston — 21 janvier 2009 @ 13:21

  26. M C : «Vous n’enterrerez pas la voie technologique sans résistance, croyez nous, on saura vous le faire entendre et nous mettrons en avant la qualité des séries STL, SMS STI, Hôtellerie qui ont déjà fait leur preuves bien avant vos néfastes projets pédagogistes»
    L’argument rhétorique qui consiste à prêter aux autres des desseins qu’ils n’ont pas afin de ruiner leurs propos est hélas trop connu, trop pratiqué, passons. Fusionner les voies générales et technologiques, c’est effacer une frontière avec l’espoir (comment avoir des certitudes ?) que les élèves pourront glisser de l’une à l’autre des deux voies actuelles, par des choix de modules non irrémédiables : on pourrait ainsi avoir des scientifiques capitalisant des modules technologiques et réciproquement, chaque élève pouvant doser la part «générale» et la part «technologique» dont il a besoin pour sa réussite. L’argument soulignant qu’il n’y a actuellement jamais de passage de STI vers S se trouvera ainsi sans objet et les classes passerelles (combien de divisions ?) ne seront plus nécessaires.

    Commentaire par Jean-Pierre Gerbal — 21 janvier 2009 @ 14:35

  27. Réponse à JP Gerbal : et vous faites quoi des personnels qui sont dans des lycées exclusivement technologiques où on n’ouvrira jamais de seconde générale ? D’autre part la ségrégation, vous la faites en troisième en pire puisque le choix de la voie pro sera lui irrémédiable (bac pro 3ans sans issue) alors qu’aujourd’hui les passerelles existent. Enfin je vous rappelle que ce que vous représentez est loin d’être majoritaire (voir les dernières élections professionnelles)
    Que devient un prof par exemple de cuisine (CAPET) qui n’aura plus de public ? Vous croyez qu’on va ouvrir des restaurants d’application dans tous les lycées ? Dans ce cas vous rêvez ! Sachez que eux, refuseront de bosser uniquement en bac pro. Enfin je ne suis ni curé ni psy, je n’ai aucune envie de m’embarquer dans les fumisteries d’accompagnement style pauvres petits élèves maltraités par la vilaine orientation; en plus les élèves ils s’en tapent de cette morale d’enfant de coeur.

    Commentaire par m charrier — 21 janvier 2009 @ 18:39

  28. Un exemple montrant la nécessité d’abolir les frontières actuelles : pendant les tractations de couloir rue de Grenelle, un groupe de pression avait obtenu que l’informatique ait un module d’expérimentation en seconde (dans le bloc sciences). Proposition excellente pour les collègues concernés (profs de technologie de collège désireux de changer d’établissement ou profs de math en lycée désireux de voir des élèves «motivés») mais désastreuse dans ses effets : on aurait ajouté une matière d’enseignement général en plus de la pléthore encyclopédique déjà en place ! Alors qu’en proposant, par exemple, un module d’informatique appliquée à la robotique (des clubs existent ça et là), on permet de lier enseignement général et technologique et de mettre bien des élèves en situation d’incertitude : je vais faire du 100% général ou je vais faire du mélange ? Autre perspective (il n’y a pas que la technologie industrielle) : les élèves de seconde choisissent parfois ES «pour ne pas faire STG» ce qui a des effets socialement ségrégatifs souvent très visibles. En abolissant la frontière entre ES et STG, on permettrait à chacun de composer un menu de réussite selon ses capacités ou son projet, on diminuerait la ségrégation «visible» dans beaucoup de lycées, et ce n’est pas rien.

    Commentaire par Jean-Pierre Gerbal — 22 janvier 2009 @ 09:39

  29. Bravo,
    vous reprenez mot à mot les propositions initiales du ministre. Ce n’est pas un lycée de la réussite que vous désirez mais un lycée élitiste !! D’ailleurs, c’était en partie les propos de « La lettre aux enseignants » de Sarkozy en septembre 2007. Il ne faut pas se voiler la face, le but poursuivi par le ministère est double, réduire les coûts (principalement salariaux) et développer l’élitisme principalement par les maths. Ce n’est pas un hasard si en second dans le projet repoussé, les élèves avaient droit de prendre plusieurs modules de la coloration « sciences » sur l’année et seulement un seul des autres blocs. Les chefs d’établissements ne s’y étaient pas trompés en « communiquant » dans la presse à l’automne que leur établissement serait celui qui serait le plus performant en matière d’offre du bloc sciences.
    Mais le problème est pour moi plus vaste et grave pour l’avenir de notre société. La réforme des bac pro en trois ans en a été le premier étage, la réforme du lycée le second et, l’accès au supérieur en sera le troisième. Actuellement, 70% d’une classe d’âge décroche un bac (général, technologique ou professionnel), les 30% « restant », sortent avec un BEP, CAP,ou rien du tout. La suppression du BEP, va permettre d’instutionaliser un volant de main d’oeuvre bon marché qui aura comme perspective un CAP sans possibilité de passerelle vers un Bac pro sauf à reprendre en seconde et s’astreindre à un parcours de 5 ans, vu le public ce genre de parcours restera l’exception. Le second étage, la réforme des lycée, veut par la suppression des séries technologiques pousser une bonne partie des élèves vers les bac pro. La suppression de ces filières est logique, les enseignements font l’objet de TD en effectifs de groupes et, il y a donc beaucoup d’économie à réaliser !!! Le parcours modulaire est une illusion donné aux élèves et un piège pour les parents. La volonté politique depuis plusieurs décennies est de valoriser la filière scientifique et le discours a été intégré depuis longtemps par les parents d’élèves, la réforme incitera encore plus à choisir les modules de sciences qui resteront la « voie de l’excellence » au détriment des autres enseignements. De plus des modules de 4 mois auront-ils un sens? Quel sera le contenu? Un saupoudrage, une initiation au mieux ! Le problème majeur actuellement est la difficulté de mettre les élèves au travail et les inciter à approfondir et ordonner leurs connaissances. Je suis enseignant depuis 20 ans et depuis plusieurs années, le discours des élèves est le suivant : « Il est inutile de travailler tout le monde aura le bac » ou au mieux « Ce n’est plus comme de votre temps, il suffit de réviser huit jours avant les épreuves pour être reçu ». C’est vrai, on fait tout pour que les taux de réussite soit au rendez-vous. Lors de la session de juin 2007, dans mon académie, les inspecteurs ont relevé d’un point toutes les notes d’une épreuve à coefficient 6 car ils jugeaient les résultats insuffisants ! Quelle est la crédibilité des enseignants et des correcteurs pourtant déjà largement encadré dans leurs corrections ! L’enseignement modulaire avec un contrôle continu va accélérer le phénomène, les enseignants auront la double pressions des chefs d’établissement et des parents pour que les taux de réussite soient les plus élevés possibles, concurrence oblige. Cela ne servira pas les élèves bien au contraire. Enfin, le troisième étage de la réforme qui est en préparation vise l’accès à l’enseignement supérieur. Les élèves n’auront accès à telle ou telle filière que s’ils ont choisi les bons modules au lycée. Ce qui veut dire qu’au lieu d’aider les élèves à construire un projet, on va lui demander de se déterminer dès la seconde sur son projet d’études supérieures et, là encore cela va inciter à privilégier les modules de sciences qui ouvriront le plus large choix. Tout ceci ne constitut pas seulement des supputations mais est le résultat des infos qui filtrent et des consignes qui sont déjà données par le ministère, à titre d’exemple, on demande aux sections de BTS de se rapprocher des Bac professionnel et un décret autorise désormais aux enseignants de ces filières d’intervenir dans ces formations (point que je juge positif). Mais, c’est clair, l’objectif, c’est d’orienter exclusivement ves les BTS les élèves issus de Bac pro.
    A titre d’informations dans les compositions des milieux socio économiques, les revenus aisés sont sureprésentés dans les filières générales, tandis que ce sont les catégories modestes dans les bac pro, par contre, les séries technologiques constituent un reflet de la société. La réforme proposé va accentuer les inégalités d’accès au savoir au lieu de les réduire!
    Le problème est vaste mais actuellement les choix qui semblent se dessiner sont le reflet de l’évolution de la société. J’aurai aimé développer quelques propositions mais, je me suis étendu et si ce commentaire est publié, je donnerai suite en proposant des solutions qui me semble réalisable et plus efficaces pour permettre au plus rgrand nombre de progresser et de trouver au bout la réussite.

    Commentaire par Didier CHEREL — 22 janvier 2009 @ 09:44

  30. J’espère que tous les « beaux penseurs » qui s’expriment ici n’oublient pas que le jeudi 29 janvier une grande journée de mbilisation intercatégorielle est prévue. Car même si on est convaicu de la pertinence des 9 propositions les moyens nécessaires à leur réalisation sont incontournales. Certaines cohérences s’imposent donc à ceux qui veulent rénover le lycée et dans la mesure où Darcos est plutôt sur la restriction (drastique) des moyens ! A jeudi donc !

    Commentaire par JFK — 22 janvier 2009 @ 16:39

  31. Tout à fait d’accord avec Jean-Pierre Gerbal ! Manifestement,cette proposition de fusion des voies est mal comprise par certains collègues… Il ne s’agit en aucun cas de vouloir « supprimer » les enseignants et les enseignements de technologie ! C’est même tout le contraire. Ce qui est en cause, c’est la pertinence (en l’occurence « l’impertinence ») de la ségrégation entre la voie techno et la voie générale. Arrêtons l’hypocrisie ! Tout ceux qui ont déjà travaillé en lycée savent comment se passent les conseils de classe de seconde et l’orientation dans le cycle terminal… Les élèves qui souhaitent aller vers un bac techno « de leur plein gré » sont rarissimes ! La réalité, c’est que l’on somme les élèves les moins bons dans les matières « générales » (et/ou les moins travailleurs)de bien vouloir se découvrir du goût pour la voie technologique… Ce faisant, on confère aux enseignements technologiques un statut d’indignité parfaitement intégré par les élèves eux-mêmes…
    Ajoutons à cela les effets liés aux structures : si vous avez trois classes de STG dans l’établissement, il faudra bien les remplir, et donc « susciter » 90 vocations chez les sortants de seconde, « toutes choses égales par ailleurs »… Si tant est que l’orientation ait été mal préparée et/ou que la carte des formations soit mal fichue, ces 90 « vocations » se feront à l’exclusion de toute orientation vers des séries de technologie industrielle, non présentes dans l’établissement (et pourtant nettement plus porteuses en terme de poursuite d’études en STS et en termes d’insertion professionnelle… mais ceci est une autre histoire…).

    Commentaire par Julien — 23 janvier 2009 @ 11:22

  32. Réponse encore et toujours la même confusion : les STG c’est voie technologique après la seconde mais vous oubliez SMS STL Hôtellerie qui ne sont pas choisi(e)s par défaut mais bien de façon claire et déterminée en seconde et connaissant particulièrement l’hôtellerie le taux de fuite est faible voire nul ; il y a une sélection dure à l’entrée. On voit bien tous ces profs de lycée généraux qui n’ont jamais mis les pieds dans les lycées purement technologiques et qui confondent toutes les séries, qui veulent les fusionner et accusent les autres de malhonnêteté intellectuelle. Quant au parcours bac pro puis BTS c’est la plus vaste fumisterie qui puisse se faire : aucun bac pro ne peut suivre un BTS tel qu’il est défini aujourdh’ui : voir les stats de réussite des bac pro au BTS : 9%. Et les profs de LP en BTS ils auront intérêt à se mettre au niveau. On sait bien que la suppression des séries techno « nobles » (en dehors de STG) c’est uniquement une question d’économie de postes, le reste c’est du baratin de pseudo pédago : elles marchent très bien ces séries avec des inovations que vous ne proposez même pas. Alors apprenez à ne plus confondre SVP.

    Commentaire par m charrier — 23 janvier 2009 @ 12:05

  33. À jeudi donc, dans un cortège inter-professionnel que tout le monde espère conséquent. Inter-professionnel ( et pas seulement inter-catégoriel ) donc parce qu’il n’y pas que Darcos qui supprime des postes…

    Commentaire par Guillaume Touzé — 24 janvier 2009 @ 16:45

  34. @m charrier

    baratin de pseudo pédago, les profs de LP en BTS ils auront intérêt à se mettre au niveau, …
    Tout ça donne vraiment envie de débattre!

    Commentaire par Guillaume Touzé — 24 janvier 2009 @ 16:49

  35. Bonjour,

    A lire Internet on apprend qu’un recteur a dit à des élèves que la réforme Darcos avait été abrogée. Surprenant non ! A se demander si cette histoire de réforme n’était pas là pour monter les enseignants les uns contre les autres, les cristalliser sur les modules afin qu’ils oublient les suppressions de postes. Voir pire montrer à la population que l’éducation nationale ne veut pas se réformer et qu’il faut donc la privatiser (voir le livre de Khaldi et Fitoussi). Depuis 26 ans que j’enseigne j’ai vécu beaucoup d’opposition aux innovations : tutorat en 84 ; la pédagogie et les faux cours de Paul dans les années 90 ; Les débats houleux lors de la concertation en 97. Lors de celle-ci je disais qu’avec notre conservatisme nous étions en train de scier la branche sur laquelle nous étions assis, aujourd’hui je pense que nous ne sommes pas loin du point de rupture.
    Excusez cette longue introduction mais les débats que je lis sur les filières technologiques et les modules et les représentations que s’en font les uns et les autres me rappellent de vieux souvenirs.

    Les modules qu’est-ce ? Dans le n° 467 de l’actualité éducative de nov. 08, Denis Paget fait des propositions que l’on retrouve dans la page actualité du site du Crap :
    • Des enseignements de culture générale commune sous forme d’unités de valeur, graduées et validées en cours de formation.
    • Des dominantes de spécialités avec majeure bi-disciplinaire et mineure d’ouverture.
    • Changer la façon de travailler en exploitant les acquis des TPE.
    Modules et unités de valeurs sont-ils frères et sœurs ? Quelles différences ?
    C’est intéressant mais l’aspect exploratoire des modules n’apparaît pas ici. L’autre jour dans le cadre d’un projet commun avec un Lep mes élèves de seconde générale ont découvert le travail en atelier de leurs camarades, ce fut un choc pour eux. Même au sein de leur établissement ils n’ont aucune idée du travail de leurs camarades d’ISP. Or des modules exploratoires avec un véritable accompagnement à l’orientation pourraient leurs faire découvrir et apprécier des filières technologiques qui inconsciemment leurs apparaissent dévalorisées, augmentant ainsi leur possibilité de choix.

    Dans les chantiers prioritaires Eric de Saint Denis s’interroge sur les contenus du tronc commun, de ses questions on peut supposer qu’ils pourraient être interdisciplinaire. Démarche intéressante sachant qu’un savoir ne peut-être considéré comme acquis que lorsqu’il y a transfert. Philippe Meirieu si je me souviens bien nous dit que cette culture commune doit-être exigeante et adaptée. C’est à dire, par exemple, une connaissance scientifique et technique commune à tous est nécessaire pour appréhender le monde d’aujourd’hui mais différente des savoirs scientifiques ou techniques nécessaire à des élèves poursuivant de telles études. Pour cela la graduation des unités de valeurs (ou modules) en niveaux, de Denis Paget, pourrait être un outil intéressant.

    Il est clair que tout cela va poser des problèmes internes d’organisation. Mais je pense que la résolution de ceux-ci doit s’appuyer sur le principe de la loi de 1989 qui dit que l’enfant est au centre du système éducatif, et sur l’état des recherches qui par exemple dit que l’état attentionnel des élèves est au plus bas autour de 13h et qu’il est inutile de mettre des cours à de tels horaires.

    On voit bien que le projet du groupe des 20 est ambitieux, complexe et nécessite une approche systémique des problèmes du lycée. Pour la réussite d’un tel projet il faut que l’ensemble des acteurs de l’éducation (collègues, élèves, parents…) le comprenne et y adhèrent. Il faut trouver un moyen pour pouvoir en débattre avec tous les acteurs dans chaque établissement.

    Nous sommes condamnés à prendre les choses en mains et imposer une véritable réforme globale sinon la branche se brisera.
    D. Galy

    Commentaire par D.Galy — 26 janvier 2009 @ 06:25

  36. DG : «Il est clair que tout cela va poser des problèmes internes d’organisation ». Nous en sommes tous conscients, cela dit, avec de réelles formations des personnels de direction, l’obstacle n’est pas insurmontable, d’autres y parviennent (l’exemple de l’enseignement de math le montre, un enseignement commun mais différencié) :

    Pour le reste, je souscris à 100% à ce que tu écris mais avec un brin de nostalgie, voire de découragement, pour tous ces rendez-vous que l’éducation nationale a manqués 😉

    Commentaire par Jean-Pierre Gerbal — 27 janvier 2009 @ 08:20

  37. l’url n’est pas passée, la voici :
    http://www.edu.gov.on.ca/fre/curriculum/secondary/math.html

    Commentaire par Jean-Pierre Gerbal — 27 janvier 2009 @ 08:21

  38. Il faut bien vous féliciter d’une chose, c’est d’avoir ouvert ce forum de discussion, mais pour le reste, je rejoints vos détracteurs : vaste mystification. C’est Darcos en plus radical : il n’a pas osé le tout modulaire, mais a bien amputé le tronc commun en seconde (21h contre 25.5h actuellement si on y intègre la LV2) et a pris soin de ne pas toucher au bac, sacré. Et surtout, il a retardé sa réforme, mais pas les suppressions de postes. Toujours le même paradoxe : on tente de nous faire croire qu’on va faire plus avec moins.
    On reconnait dans vos propositions comme dans la réforme Darcos, les suggestions de nos pédagogues soit disant « modernes » (voir sur internet »la classe de seconde vue par Philippe Meirieu »).
    Des modules à la place des vilains cours magistraux, trop dogmatiques, qui rendent les élèves complètement passifs… youpi! tout au choix, rien n’est obligatoire, les gamins vont être contents… on les aura bien roulés dans la farine. Tout le monde sait bien qu’un module de langue régionale validé dans la ZEP de Trifouillis les Oies n’ouvrira pas les portes des grandes écoles comme un bon module de math ou de physique validé dans un grand lycée parisien, ou dans une boite privée bien cotée. Inutile de nous faire croire que les élèves qui auront choisi les modules technologiques auront les mêmes choix dans l’enseignement supérieur que ceux qui auront validé les modules du bloc scientifique. Quand à ceux qui auront touché un peu à tout selon leurs envies ou auront même changé d’avis en cours de route puisqu’on va leur en donner l’opportunité et vont se retrouver avec un profil complètement incohérent…
    Ce n’est pas parce qu’on change les noms qu’on change la réalité, il y aura toujours, avec votre système, la même ségrégation entre voie technologique et voie générale même si on brouille le vocabulaire et que l’on ne nomme pas clairement les différents profils. Les établissements de l’enseignement supérieur et les employeurs ne s’y tromperont pas.
    Ce n’est pas parce qu’on remplacé le mot clochard par SDF ou celui de femme de ménage par technicienne de surface que leur situation s’est améliorée. On peut de la même façon abolir le CAP et le remplacer par un « baccalauréat, voie spécialisée » comme le suggère P.Meirieu, cela ne changera rien à l’affaire et les niveaux de salaire proposés à ces nouveaux bacheliers n’en seront pas augmentés, contrairement à ce que cet auteur essaie de nous faire croire, puisqu’il voit dans ce genre de réforme une méthode pour réduire les inégalités sociales.. laissez-moi rire (jaune). Je me demande si mon regard sur les gens, quel que soit leur niveau de qualification, n’est pas plus respectueux que le votre qui voyez systématiquement matière à discrimination dans le fait d’avoir tel ou tel diplôme et voulez nous faire croire qu’on y changera quelque chose en modifiant seulement le libellé du titre. « Bachelier spécialiste », c’est plus ronflant que CAP, mais qu’est ce que ça change?
    Le problème c’est que ce genre de discours fumeux a réussi à se doter d’une légitimité incroyable, se faire entendre par les ministres, les associations… l’opposition semble complètement atomisée, exprimée seulement par quelques témoignages d’individus dotés de bon sens, s’appuyant sur leur expérience concrète de professeur, étudiant, parent (Je salue à cette occasion JBG, Paul, JCL, Thirion et les autres).
    Ce qui nous manque, c’est un texte fondateur, genre « contre-contre propositions pour la réforme des lycées », rédigé-appuyé par quelques personnalités reconnues et associations, pour représenter cet autre courant de pensée, qu’il faut absolument faire entendre à l’occasion de la concertation organisée par le ministère et le directeur de Science-Po, R.Descoings. Pour une fois qu’on nous demande notre avis.. mais il faut faire vite, l’échéance est proche, premier rapport d’étape en mai…
    En effet, nous sommes certainement nombreux à penser qu’il faut à l’inverse de ce que vous proposez, clarifier l’organisation du lycée, renforcer le tronc commun des enseignements généraux, alléger sans doute certains programmes car on est frappé du niveau de spécialisation des notions abordées dans les manuels, alors qu’on voit bien que la plupart n’en maîtrise pas les bases… redonner leurs lettres de noblesse aux filières technologiques ou professionnelles (il n’y a pas de honte à être un artisan ou un technicien compétent, bien au contraire…), mais il faudrait peut-être remettre en question certaines méthodes pédagogiques qui ont abouti à l’orientation trop précoce de certains élèves dans ces filières, alors qu’ils auraient eu les capacités de poursuivre dans la voie générale, si on avait réussi à leur en transmettre le goût et si on avait eu le courage de les mettre au travail.
    La tache la plus délicate est sans doute de remettre les élèves au travail, au lieu de les endormir avec toute sorte de balivernes flatteuses et hypocrites : modules, choix, liberté, autonomie, participation aux instances, vie associative, orientation, accompagnement… toute une série de jolis mots détournés de leur sens véritable… mensonges, escroquerie intellectuelle. Cela me rappelle le rapt opéré par certains privilégiés sur le mot de modernité, et qui ont réussi à faire passer ceux qui tentent de protéger quelques acquis sociaux pour des ringards… Vous utilisez les mêmes arguments, tous ceux qui contestent vos propos sont renvoyés dans les cordes avec de jolis quolibets (« passéistes, immobilistes »…) mais ça me semble un peu court.. Votre stratégème est assez grossier : Il suffit de tout mélanger, d’inverser les termes et le tour est joué : plus personne n’y comprend rien et peut donc difficilement s’opposer. Mais il me semble que la complexité des propos cache le plus souvent une certaine vacuité de la pensée.
    Excusez-moi pour la longueur de mon intervention. Vos propositions me donnent envie de hurler. Simplement maman d’une lycéenne qui ne s’en sort pas trop mal dans le système actuel (je lui tire mon chapeau, avec toutes ces vessies et lanternes qu’on leur fait avaler de force, sans jamais afficher de méthode coercitive… ça c’est de la grande manipulation…), je ne peux m’empêcher de m’inquiéter pour les prochaines promotions qui vont être encore plus perdues dans un système que vous voulez rendre encore plus illisible et qui sera encore plus injuste. Je ne sens plus très bien représentée par la FCPE dont je suis adhérente et que le vois parmi vos signataires, mais j’espère que la pluralité au sein de cette association pourra être entendue et représentée. Les témoignages et interventions de vos détracteurs dans ce forum m’ont un peu rassurée, je me sens moins seule mais je vais chercher activement quelque groupe de réflexion, collectif, assos qui puisse porter cette autre parole. J’espère que ça existe déjà ou que ça va emerger rapidement. SVP, si quelqu’un a une piste, qu’il le fasse savoir.
    DJ

    Commentaire par janvier — 27 janvier 2009 @ 11:56

  39. Chère Madame « Janvier »,

    La modularité n’est pas le nouveau Veau d’Or des pédagogues !Les modules n’ont pas à être sacralisés et on s’en gardera bien.
    Contrairement à ce que vous laissez entendre, ils ne constituent pas une fin en soi mais un moyen, un levier pour changer et améliorer le contenu de la formation des lycéens et leur réussite dans le supérieur.

    Contrairement à ce que vous laissez entendre, il n’a jamais été question pour les signataires de cet appel de promouvoir un lycée à la carte, en « libre service », dans une sorte de dérive libérale… Tout dépend en fait de l’endroit où l’on met le curseur dans la définition des règles de choix (combien de modules ? quels modules devant obligatoirement être choisis et obtenus pour permettre la validation de tel ou tel bac ? etc..). C’est précisément le genre de questions qui devraient faire débat et qui n’ont jamais été à l’ordre du jour avec Darcos… S’il était rentré tout de suite dans le vif du sujet, les fantasmes entourant les modules n’auraient sans doute pas prospéré à ce point. Par ailleurs, la

    Contrairement à ce que vous laissez entendre, la structure modulaire n’est absolument pas incompatible avec les cours magistraux, qui ont à mon avis toute leur place dans la formation des lycéens. Ce qui est vrai, en revanche, c’est qu’il serait très profitable aux élèves de diversifier les situations d’apprentissage (travail en groupe ou sur projet, modules méthodologiques etc…), ce qui implique de diversifier un peu les pratiques des enseignants… Mais vous pensez peut-être que cette diversification encouragerait nos élèves dans la voie de la paresse ? Pourtant, quand on regarde ce qui était au menu du lycée napoléonien, on se dit que la diminution du nombre d’heures de cours « traditionnels » n’implique pas nécessairement une diminution des exigences, comme en témoigne la description suivante que l’on doit à l’historien Claude Lelièvre :

    « L’espace temps privilégié est celui de l’étude, des ‘’études’’. La journée type du lycéen, durant tout le XIX° siècle se déroule selon l’horaire journalier suivant : 7 heures 30 en études ( de 6 H à 7 H 30, de 10 H à 12 H, de 13 H 30 à 14 H 30, de 17 H à 20 H ) pour 4 heures de classe ( de 8 H à 10 H et de 14 H 30 à 16 H 30 ). Et encore convient-il de savoir que les heures de ‘’classe’’ sont rarement des heures de ‘’cours’’ ( sauf en histoire et philosophie ) : on y corrige surtout des exercices et des devoirs qui ont été faits en études. C’était une époque – pourrait-on dire – où les élèves ‘’étudiaient’’ au lieu de ‘’suivre’’ des ‘’cours’’. »

    Claude Lelièvre, historien, URL source: http://www.mediapart.fr/club/blog/claude-lelievre/091008/des-antecedents-a-la-reforme-du-lycee

    Contrairement à ce que vous laissez entendre,la question du post bac ne se résume pas à l’accès à nos fameuses « grandes écoles » (selon une logique de sélection qui n’a rien à voir avec la logique « d’orientation »), en fonction desquelles les grandes lignes du lycée actuel ont malheureusement été définies. Là aussi, ne nous faites pas de procès d’intention ! Ce n’est pas à nous de définir les éventuels pré-requis des établissements du supérieur ! Mais vous pointez du doigt un chantier incontournable si le lycée évoluait vers une structure modulaire : celui de la nécessaire articulation entre les parcours des lycéens et les formations du supérieur. Dans votre commentaire, vous persistez à opposer enseignements de techno et enseignements scientifiques : c’est à mon avis une erreur puisque le lycée « modulaire » permettrait des « rencontres » fécondes impossibles aujourd’hui (sans pour autant que disparaissent les profils plus techno et les profils plus scientifiques…).
    J’ai par ailleurs l’impression que vous confondez la voie technologique et la voie professionnelle : elles n’ont pas le même objectif (insertion professionnelle immédiate contre poursuite d’études sup)….

    Pour finir, je voudrais vous rassurer : vous vous exagérez malheureusement grandement notre « influence » et votre isolement ! Adressez-vous au SNALC, à la Société des Agrégés, au collectif « Sauver les lettres » etc… toutes associations éminemment progressistes et attachées à faire triompher la cause des élèves, qui auront plaisir à porter votre parole.

    PS :

    « il faudrait peut-être remettre en question certaines méthodes pédagogiques qui ont abouti à l’orientation trop précoce de certains élèves dans ces filières, alors qu’ils auraient eu les capacités de poursuivre dans la voie générale, si on avait réussi à leur en transmettre le goût et si on avait eu le courage de les mettre au travail ».

    A quelles « méthodes pédagogiques » faites-vous allusion ?
    Pensez-vous vraiment que nous n’ayons pas le courage de « les mettre au travail » ?

    Bien cordialement,

    Commentaire par Julien — 28 janvier 2009 @ 17:41

  40. DJ,
    Je comprends que vous soyez perdue vu comment aujourd’hui la communication a pris le pas sur l’argumentation. Permettez-moi cependant quelques remarques.
    Tout d’abord vous critiquez comme beaucoup d’autres les propositions sur la vie associative, la participation aux instances, l’autonomie, je pense que vous devriez réclamer clairement que l’on revienne au nom de ministère de l’instruction publique. Personnellement je préfère le terme d’éducation nationale et tout ce qui en découle.
    Enseignant en filière technologique j’ai eu des élèves, qui ont choisi cette filière et dont certains sont allés en classe prépa. Mais aller en prépa est-ce la panacée ? C’est une voie mais il y en a d’autres.
    Vous souhaitez redonner ses lettres de noblesse à cette filière mais vous dites aussi « il faudrait peut-être remettre en question … les mettre au travail ». Je suis choqué, ici c’est l’inconscient qui parle comme chez beaucoup de gens qui, en fait, ont une vision très négative des filières technologiques. Les élèves de STI ont, de part leur spécialisation, à aborder des notions et des outils aussi, voir plus poussés que leurs camarades de S. Travailler devant une machine ou un système nécessite aussi de la réflexion et du travail.
    Vous parlez de remettre les élèves au travail, c’est effectivement une tâche délicate surtout avec les discours que tiennent un nombre croissant d’entre eux à savoir qu’une leçon cela ne s’apprend pas, qu’on ne refait pas les exercices et j’en passe des meilleurs. Je crois qu’il faut être conscient qu’il y a beaucoup « d’éducateurs » autour des jeunes ( parents, enseignants, TV, Internet, jeux vidéos, les groupes de copains etc. ) ce qui rend notre tâche difficile. Serons-nous sauvés par le cours magistral, je ne le crois pas.
    Comme disait Camus il faut de la mesure, j’ai toujours entendu dire les « pédagogues » qu’il fallait varier les techniques en fonction du contexte et de nos objectifs. La recherche actuelle en science de l’éducation ou en neurosciences nous a beaucoup appris sur l’apprentissage des élèves. Il est clair que nous devons en tenir compte dans l’évolution de notre métier. Pour ce faire il faut une véritable formation continue des enseignants, et pas seulement 4 jours par an.
    Dernière remarque DJ, vous vous plaignez du positionnement de la FCPE dans ce groupe de réflexion, mais si on regarde le travail de la FCPE depuis plusieurs années, avec leur revue, leurs colloques et leurs réflexions, sa position n’en n’est que le résultat logique. Elle cherche à faire évoluer l’éducation nationale.
    En parlant d’évolution si la mode du créationnisme se développe dans certains pays il serait bon que la France reste Darwinienne. Nous devons nous adapter sinon nous disparaitrons, certains ont déjà pensé remplacer le prof par l’ordinateur.

    D. Galy

    Commentaire par D.Galy — 28 janvier 2009 @ 18:09

  41. Je suis un apprenant qui pose la question aux enseignants qui ont rédigé ces propositions. Quelle place tient l' »exemple » dans vos démarches pédagogiques? Ou autrement dit, pourriez vous éclaircir votre idée de parcours modulaire en décrivant un exemple concret? Merci. Excusez ma faible faculté de compréhension, j’ai arrêté mes études en 3ème. Je suis aujourd’hui père au foyer et fais l’éducation scolaire, à domicile, de mes 2 enfants.

    Commentaire par jappelle — 31 janvier 2009 @ 08:28

  42. Un exemple : un élève qui voudrait s’orienter vers «sciences-po» (disons une carrière dans l’arrière boutique des politiques, au niveau local, national ou européen) peut décider de prendre un module de droit (actuellement en stg) en même temps qu’un module ses (actuellement es) en larguant les maths (actuellement impossible, je précise que je suis prof de math)… ou mieux (de mon point de vue) en ne gardant qu’un module «maths citoyennes». Actuellement, il faut «entrer» dans une filière, avec ce système l’élève peut construire son parcours. Une condition majeure : il faut que l’information sur les choix décisifs soit claire (actuellement, ce n’est pas toujours le cas). Inconvénient majeur : nous n’avons (profs, encadrement…) pas du tout l’habitude de gérer (temps, locaux) une telle souplesse, mais après tout d’autres pays le pratiquent : http://www.edu.gov.on.ca/fre/curriculum/secondary/math.html pourquoi en serions-nous incapables ?

    Commentaire par Jean-Pierre Gerbal — 1 février 2009 @ 00:44

  43. « Je suis le produit d’un école qui sélectionne » dit un « jeune » professeur. Fusionner technologique et général serait niveler par le bas! Quel mépris
    Nous, professeur titulaires de concours sélectifs, avons tous été reconnus selon des critères, qu’on le veuille ou non, « monol-élitistes »! Cela doit-il nous rendre sourds à la diversité et la richesse des individus. Les filières techno ou pro sont pleines d’élèves qui ne rentrent par forcément dans les « cadres » de cette école sourde et mal entendante à la différence des compétences. Oui à un socle commun exigeant, Oui aussi à des parcours qui valorisent initiative et créativité. Notre société est bloquée en partie parce que nous refusons de sortir des stéréotypes de la réussite en cols blancs.

    Commentaire par brigitte — 3 février 2009 @ 18:43

  44. La quasi absence de passerelles dans votre projet m’inquiète !
    Comment espérez-vous que nos élèves de 2de déjà complètement perdu dans leur orientation (3/4 de ma classe ne savent absolument pas quoi faire !) sachent quels modules prendre ? Comment sans conseillère d’orientation allons-nous pouvoir faire ce travail rendu encore plus difficile par une telle réforme ? Qui va faire ce travail d’information ? Il me prend déjà beaucoup de temps, et je vois difficilement comment un système plus complexe pour l’élève demandera moins de temps d’explication ? Mais je dois faire preuve de mauvaise volonté !

    La réduction du temps de travail réel de l’élève dans le projet m’alarme !
    Comment espérez-vous que des élèves qui sont déjà majoritairement réfractaires aux mots même de « travail » et « apprendre » soient plus autonomes et plus efficaces dans un système qui leur en demandera moins ? A moins justement que cela soit un objectif politique avoué : moins d’heures, moins de cours, moins de profs, moins de salaires en temps de crise …. mais aussi moins d’autonomie réelle de nos élèves face à la réflexion, la connaissance, plus de moutons … Parce que franchement je ne sais pas où les brillants pédagogues que vous êtes ont pris l’idée que moins de travail permet plus de rendement ? Les miens quand je leur ajoute des modules de méthodologie en plus de leurs heures de cours, ils râlent au début, et quand ils voient le résultat à la fin de l’année ils me remercient et souvent ils changent : comme me disait une de mes élèves la semaine dernière, « madame, je ne suis pas une tronche, je le serais jamais, mais maintenant je sais comment on apprend et je sais que si je travaille plus je réussis mieux. » Ecoutez là par pitié !

    Le projet repose sur beaucoup de communication, peu de fait concret d’exemples précis : peut-être est-ce parce qu’aujourd’hui l’état n’a pas les moyens économiques d’une vraie réforme ? Il ne s’agit ni de droite, ni de gauche …. il s’agit de courage !

    La réforme, la vraie : revenir avec un vrai emploi du temps, une vraie semaine de travail. Quand je vois les emplois du temps de mes élèves de seconde et que je le compare au mien jadis, on comprend tout !!!!!!!
    La réforme, la vraie : plus d’adulte dans les lycées pour réouvrir les salles d’étude, avoir un vrai foyer des lycéens, encadrer nos jeunes.
    Une seule bonne idée dans ce projet : faire enfin le distingo entre module d’apprentissage des connaissances et modules de méthodologies. Mais à une condition ne pas déshabiller Pierre pour habiller Paul !

    Bref je suis pessimiste nous ne sommes pas dans un bon contexte pour une réforme de cette ampleur !

    Commentaire par bailleul — 4 février 2009 @ 07:20

  45. Toutes les idées présentes dans ces neuf propositions me paraissent complètement correspondre à ce que doit être le lycée de demain, à la fois plus souple et plus dans la proximité. En tant que professeur d’économie-gestion, je suis assez sensible à la fusion des bacs technologiques et généraux qui permettrait une revalorisation des enseignements technologiques tels que la gestion, le droit et le management des organisations.

    Ce projet est ambitieux et riche, mais j’ai bien peur que l’immobilisme général et la peur irrationnelle du changement de nos compères n’empêchent celui-ci d’arriver à terme.

    Commentaire par Nicolas V — 4 février 2009 @ 21:16

  46. Sans beaucoup d’expérience (enseignant en lycée général) mais plutôt favorable à vos idées, je constate qu’elles suscitent pas mal de réactions passionnées et assez négatives. Pour information (je n’ai pas de religion toute faite sur les points concernés, et je suis syndiqué au SGEN) je signale la réponse du SNES, qui me paraît aussi – vu que c’est le syndicat majoritaire au lycée – mériter à son tour une réponse.

    Cliquer pour accéder à Appel_des_20-analyses_SNES.pdf

    Commentaire par Laurent — 5 février 2009 @ 14:45

  47. Si l’on fusionne voie générale et technologique, je vous garantis que le lycée public verra ses meilleurs élèments fuire vers le privé éltiste et qu’à défaut de classes de lycées hétèrogènes vous aurez des lycées privés pour l’élite et des lycées publics pour les moins bons. C’est exactement ce que le collège dit unique a engendré. L’écart de niveau entre le privé et le public est alarmant. Que comptez vous exiger des établissements privés qui selectionnent dès le primaire?

    Commentaire par JUDITH — 5 février 2009 @ 14:50

  48. Dans ces propositions, je m’étonne pour ma part de l’absence de référence explicite à des projets de société, à des valeurs « politiques »; comment peut-on réfléchir à l’éducation et à l’enseignement sans avoir préalablement inscrit cette réflexion dans une histoire, même récente, surtout récente?
    Les notions de « compétences », de « parcours personnel », d' »autonomie d’établissement », de « capitalisation de modules », de « pilotage » ont des origines diverses, mais ont pour point commun depuis au moins une dizaine d’années d’appartenir à la novlangue libérale, et d’être les fourriers d’une idéologie anti-humaniste. Comment des organisations d’inspiration humaniste peuvent à ce point s’aveugler pour se faire le vecteur de l’idéologie qu’elles devraient combattre? Peut-être parce que certains d’entre vous pensent qu’il n’y a plus d’idéologie, et croient par leurs propositions être juste « pragmatiques », dans une parodie un peu triste de discours sarkoziste?
    Comment peut-on penser qu’un professeur qui enseigne sa discipline n’est pas en train, ce faisant, d’accompagner les élèves? Comment opposer ces notions, connaissance « scientifique » et construction personnelle, en confortant implicitement l’idée que le savoir est nuisible à l’épanouissement personnel, alors qu’il est libérateur? Comment défendre l’idée d’un savoir qui ne serait qu’empilement de « compétences » à évaluer dans le cadre d’un parcours personnel, hors de toute histoire du savoir, hors de cette appropriation personnelle de la culture commune que justement on ne choisit pas, qui n’est pas affaire de « goût » et d' »appétence »? Quel contresens sur la notion d’épanouissement personnel! Quel contresens lentement mûri par des années de soumission à des discours préfabriqués pour consommateurs heureux!
    Comment peut-on écrire que « les exigences du XXIè siècle [sont] recherche documentaire, maîtrise de l’oral, travail sur projet » ? Comment ne pas voir dans ce modernisme de pacotille (« les exigences du XXIe siècle », quand même!) cache simplement un programme d’asservissement à l’utilité économique? Il me semble que l’intérêt d’une éducation nationale et d’un enseignement pour tous est justement d’offrir à chacun la possibilité de construire son regard critique, et que cela se fait aussi bien à l’écrit, individuellement, par l’acquisition et la maturation de connaissances; je ne récuse pas vos orientations (recherche documentaire, etc.), je dis que la manière de les présenter comme signes de modernité place d’emblée la réflexion sous le signe de l’aliénation idéologique, peut-être inconsciente et naïve, mais d’autant plus dangereuse.
    Je ne veux pas être méprisant, ni insultant, je suis seulement atterré de constater que l’ensemble de vos propositions, et encore plus dans la présentation de vos 5 « chantiers », relève à plusieurs reprises d’un discours libéral et anti-humaniste qui rend inaudible pour moi le reste de vos propositions, sans que pour autant je me sente rétrograde ni force d’immobilisme.

    Commentaire par Bernard — 8 février 2009 @ 20:12

  49. J’ai lu très attentivement les propositions concernant une réforme des lycées.
    Tout d’abord je salue cette initiative : les dénonciations et les contestations des réformes actuelles ne sont pas audibles s’il n’y a pas quelque chose qui lui soit opposable. Et l’action ne peut pas s’engager efficacement s’il n’y a pas une perspective pour laquelle lutter. Toutes les révolutions se sont établies sur des perspectives à atteindre, même si elles ont été taxées d’utopies ou si elles ont été quasi systématiquement détournées ensuite.

    Je me permets quelques observations :

    – Il ne me paraît pas raisonnable de s’attaquer à un pan du système éducatif sans toucher à l’ensemble du système lui-même, non seulement dans sa structure mais aussi dans sa conception, les principes sur lesquels il se fonde, sa continuité, sa finalité. Une proposition ne concernant que la tranche des adolescents, pré-adultes, adultes (lycée) est vouée à l’échec si ce qui est en amont reste en l’état. De même que ce qui a été tenté en amont (primaire) a toujours buté sur un aval inchangé à « alimenter » (collège, lycée).

    – Les finalités d’un système éducatif ne sont plus affirmées depuis longtemps.
    Dans ce qui se trame et se fait actuellement (et même depuis quelques temps déjà !), les finalités sont assez claires même si jamais ouvertement explicitées : alimenter la machine économique, celle-ci n’ayant plus, depuis longtemps, comme finalité d’assurer la survie et le mieux être des populations.
    La finalité d’un système éducatif à transformer doit donc, me semble-t-il, être redéfinie par la Nation elle-même. Faut-il encore lui proposer des finalités humanistes claires.
    Il me semble, entre autres, que son objectif ne peut être de « former » des professionnels. La formation, qu’elle soit celle d’un ingénieur, d’un maçon ou d’un agriculteur doit éventuellement faire partie d’un autre système dans lequel adolescents et adultes peuvent entrer en sortant, à un moment ou à un autre, du système éducatif. La « spécialisation » dont il est question dans la proposition 1 ne peut avoir vocation à déboucher forcément sur la vie professionnelle, mais il faut l’entendre alors comme la poursuite de l’exploration d’un langage ou d’un domaine particulier.
    Sans lever l’ambiguïté actuelle, les transformations proposées auront du mal à être mises en route.

    – Le système éducatif est fondé depuis sa création sur le concept de la transmission mécanique des savoirs. Sa structure (chaîne industrielle) est faite pour cela. Les derniers ministères de l’EN ne font que pousser cette logique à son extrémité (exemple de l’évaluation, des programmes…). Tant que cette croyance (que les savoirs se transmettent) demeurera et sera admise, et tant que la structure du système restera inchangée, les tentatives pour insuffler une autre approche risquent d’être infructueuses. Les tentatives avortées de vraies réformes depuis des décennies en sont la démonstration (tiers-temps pédagogique, disciplines d’éveil, maths modernes, cycles…). De nouveaux principes étaient insufflés sans être explicités vraiment, et le système dans lequel ils pouvaient être mis en œuvre restait inchangé.
    Or, les expériences depuis plus d’un siècle des pionniers et des mouvements pédagogiques s’appuient toutes, plus ou moins, sur un autre principe, celui de la construction des langages qui donne accès aux savoirs comme à la citoyenneté.
    C’est une autre notion de l’éducation, des apprentissages, de l’acte éducatif, qui doit donc être affirmée résolument puisque c’est d’elle que dépendent les structures et les modalités à mettre en place.
    Mettre du gasoil dans un moteur à essence ne marche pas.

    – Les propositions faites souffrent de ce manque de clarté préalable (définition des modules, évaluation, certification terminale, bac,…) ; elles conservent les caractéristiques du système qu’elles veulent transformer, n’indiquent pas la fonction attribuée à ce qui est maintenu (bac, évaluations par exemple), du coup ce qui est proposé ressemble à une usine à gaz. C’est le même problème que lorsque l’on veut instaurer le multiâge dans des établissements primaires en restant dans la même approche que l’enseignement traditionnel, même rénové. On aboutit à une complication extrême qui annihile en partie ce qui faisait l’efficience du multiâge en classe unique dans une approche centrée uniquement sur la construction des langages.
    Il est pratiquement impossible de conceptualiser et de faire fonctionner un système, fusse-t-il celui d’un établissement, en le basant sur deux logiques contradictoires.

    Je comprends parfaitement la nécessité d’opposer, dans l’immédiat, des propositions aux simulacres de réformes entreprises. Je comprends également la nécessité de transitions. Toutefois ces transitions ne peuvent se situer que dans la perspective d’une refonte totale des conceptions, des finalités, de la structure. Sans cette perspective globale, les propositions émises, d’une part ne trouvent pas complètement leur sens, d’autre part auront du mal à s’inscrire dans une logique qui leur est contradictoire.

    Nous avions, il y a 5 ans, produit un petit ouvrage collectif « Du taylorisme scolaire à un système éducatif vivant » (éditions Odilon) qui se voulait être un essai pouvant servir de base à une réflexion collective. Je sais très bien que tout changement de paradigme, puisque c’est de cela qu’il s’agit, provoque des réticences, voire des difficultés pour y adhérer intellectuellement. Pourtant on ne peut faire l’impasse de ce renversement (et de la réflexion qui doit le produire) en s’appuyant sur les espaces où il s’est engagé depuis près d’un siècle.

    Bernard COLLOT
    Une école du 3ème type ou la pédagogie de la mouche – éditions L’Harmattan – 2002
    http://pagesperso-orange.fr/b.collot/b.collot/

    Commentaire par COLLOT — 9 février 2009 @ 15:24

  50. Il est tentant d’éviter de discuter du fond et de discréditer ces propositions en les attribuant tour à tour au gouvernement, à l’OCDE, à l’ultra-libéralisme.
    Nos organisations ne sont pas nées à l’automne 2008, et leurs projets de société, leurs projets pour l’École, leurs projets d’éducation populaire sont travaillés et connus depuis longtemps.
    Ces propositions elles-mêmes ne sont pas sorties du chapeau comme par magie. Chacune des organisations signataires les a déjà formulées à un moment ou à un autre.
    Ce qui est neuf, c’est simplement l’expression commune et la mise en débat public.

    Commentaire par Guillaume Touzé — 9 février 2009 @ 16:43

  51. Le Snes (voir la réponse à l’appel des 20, lien plus haut) procède par sophismes en attribuant à l’Appel des 20 des intentions jamais écrites, bien au contraire. C’est une preuve de faiblesse dans l’argumentation, venant d’un syndicat majoritaire dans la profession c’est regrettable.

    1) Les modules c’est pas si simple que ça, nous sommes bien d’accord. La méthode pour épargner le stress du Snes ? Regarder comment font les pays qui ont adopté un système modulaire, comment ils ont géré les transitions. Faut-il au nom de la difficulté (réelle) du changement y renoncer ?
    2) Fusion = disparition, l’argument est lassant. Fusionner a pour objectif d’offrir plus de souplesse donc de proposer à plus d’élèves des modules technologiques et non le contraire, de façon à contrer l’étiquette « STx » qui passe mal en France où tout ce qui est encyclopédique a plus de valeur que toute technologie et encore plus que toute pratique manuelle.
    Quant aux inégalités, le Snes les admet : tant mieux, encore un effort et il admettra qu’il s’agit de ségrégation. C’est le lycée du XIXème (et le collège modelé dessus) qui l’engendre, avec le culte (développé plus loin) du toujours plus de disciplines pour tous.
    3) Vouloir un nouveau bac c’est localiser le bac ? Proposer un contrôle continu régulé (pas sauvage) et quelques épreuves nationales serait renoncer à une certification globale ? Pourquoi faudrait-il continuer à mobiliser tant de personnel, à dépenser tant pour des épreuves inutiles : la dernière étude sur le bac S démontre que le succès est corrélé à trois matières. Pas quatre. Cela ne signifie en rien que les autres matières sont secondaires mais que l’on peut s’épargner la dépense en temps et en énergie de ces matières au bac.
    4) Rien ne dit «obligation de polyvalence»… c’est encore une fois une méthode argumentative peu honorable.
    Vouloir que les établissements, les collègues, puissent monter des projet en toute responsabilité ne peut nuire à personne, d’autant que les tenants de ces propositions sont partisans d’une réelle évaluation des établissements.
    5) Le Snes a toujours refusé les accompagnements individualisés, revendiquant des définitions de parcours égales pour tous et sur tout le territoire, depuis les «modules» de seconde (du temps de Jospin) jusqu’à l’aide individualisée ou les PPRE. Sauf que cela n’a jamais permis de réduire l’échec scolaire (ah oui, il n’y a jamais assez de postes…).
    6) Soyons sérieux, du temps pour les équipes, une participation active à la définition des objectifs de l’établissement mais sans réformer la définition des services des enseignants ? Bigre, l’équation me semble sans solution : qui accepterait de travailler sans limite ?
    7) Qui n’a vu la différence entre des élèves assis derrière des tables alignées face à un tableau et des élèves en labo, en atelier, en Tpe évoluant librement ? Amoindrir les heures sur chaise-table-tableau n’est pas renoncer à faire travailler les élèves, bien au contraire, c’est vouloir les responsabiliser. Et diminuer l’horaire global c’est vouloir que nos enfants aient le temps de vivre à un âge où c’est la construction de l’être social qui est en jeu. Et de lire, de voir des films, de faire du sport…
    8) La liberté pédagogique de l’enseignant a été inscrite dans la loi Fillon à la demande du Snes pour contrer la création des conseils pédagogiques. Pour mémoire. Difficile d’imaginer qu’il faille désormais la graver dans la constitution…
    9) Et une fois de plus l’Ocde. Quel rapport avec l’appel des 20 sinon pour tenter d’établir « appel des 20 = Ocde = méchants qui veulent détruire le système éducatif ». C’est un argument ridicule venant d’un syndicat national. L’autonomie des établissements vise à développer la responsabilité de chacun. Et ça manque terriblement dans l’éducation nationale.

    Commentaire par Jean-Pierre Gerbal — 9 février 2009 @ 17:38

  52. Deux remarques préalables. 1. Paul, le « jeune agrégé de lettres modernes qui n’en tire pas de gloriole », c’est un plaisant canular ? 2. Par ailleurs on a le tonneau habituel de mauvaise foi « républicaine, antilibérale, pour la défense des lettres et de la culture », j’en passe et des meilleures…
    J’en viens aux choses sérieuses.
    Votre appel est réjouissant pour le retraité que je suis, qui a tenté tout au long de sa carrière d’anticiper sur un tel changement, prenant le risque d’incompréhension et de bannissement de la corporation, a

    Commentaire par Louis STEFFEN — 23 mars 2009 @ 16:37

  53. Les neuf propositions rencontrent deux sortes de critiques qui, procédant de points de vue opposés, finissent par se rejoindre dans un imobilisme septique si propre au tempérament universitaire. Les uns les contestent au nom du maintien des valeurs républicaines qui ont fait la grandeur de notre enseignement : c’est la position réactionaire qui s’aveugle (volontairement ?)sur la réalité sélective du système actuel. Les autres doutent de leur efficacité en raison de son incomplétude et de son manque d’exaustivité. C’est la maximalisme utopique. Au nom d’un idéal, celui d’un passé imaginaire ou celui d’une perfection qui n’est pas encore atteinte, il faudrait ne rien faire que refuser ou attendre.
    je ne me joindrai donc pas à l’alliance de ceux qui ne veulent rien changer et de ceux qui veulent tout changer tout de suite… ou rien. Prouvons le mouvement en marchant.
    Je ferai cependant deux suggestions pour briser les cadenas qui verrouillent le système :
    1. l’intégration à l’université des Grandes écoles qui imposent inévitablement la sélection comme fonction première du collège et du lycée.
    2. la suppression de l’agrégation qui instaure une compétition stérile entre enseignants du secondaire, qui fossilise la connaissance et la culture et qui déconsidère la recherche pédagogique.

    Commentaire par Louis STEFFEN — 23 mars 2009 @ 17:14

  54. Pour commencer, puisque j’interviens après le Sieur Louis STEFFEN, je me pose des questions … Avant de formuler des propositions pour les jeunes, je t’invite à chercher des stages pour améliorer ton niveau en orthographe, ce qui aura inévitablement des retombées sur les résultats de tes élèves !

    « un imobilisme septique » ça laisse rêveur pour un quidam qui se veut pédagogue ou qui a des prétentions !

    Cela dit, beaucoup de ces propositions ressemblent à ce qui s’est fait dans l’enseignement agricole dans les années 1986 1987. Ces approches ont été dans un premier temps très intéressantes, ont permis de réfléchir à nos pratiques pédagogiques. Puis est venu le temps des économies, le contrôle continu, qui était sévèrement encadré, est devenu beaucoup plus laxiste… Maintenant, nous sommes « recadrés » lorsque les résultats de nos élèves sont plus faibles que les moyennes régionales ou nationales, on nous « invite » pour l’année suivante à moduler nos notes dans le bon sens !

    Le résultat est catastrophique; il y a 15 ans, je cherchais des documents plutôt dans des manuels de BTS pour faire des synthèses de documents, aujourd’hui, et je ne plaisante pas, je travaille avec des élèves de terminale bac pro avec des manuels de grammaire de 5ème…

    Il est bien évident que tout le monde sera satisfait de la réussite des jeunes à l’examen, parents, professeurs, établissements…

    Par contre, je me demande vraiment quel monde nous préparons avec des jeunes qui ne comprendront pas les subtilités d’un contrat de travail qu’ils signeront, qui ne comprenant pas une opération bête comme les pourcentages, s’engageront sans véritable rémunération honorable…

    Que la rénovation de l’enseignement soit nécessaire, tout le monde peut en convenir, que ce soit l’occasion de rouler dans la farine les jeunes et leurs familles, je trouve cela très « limite » !

    Commentaire par LEVEQUE — 7 mars 2010 @ 21:13


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